samedi 29 septembre 2012
L'Aigremoine, fleur de la sincérité
L'Aigremoine paraît presque timide, avec ses hampes couvertes de
petites fleurs jaunes. Timide, la personne qui a besoin de cet élixir
floral ne paraît pas l'être, du moins à première vue. Elle passe son
temps à plaisanter, aime rire et faire rire. Elle est à l'aise, et
pourtant on
note une certaine tension en elle. Dès qu'on veut la faire parler
d'elle, la personne Aigremoine éclate de rire, et par une boutade écarte
le sujet.
Que se cache-t-il derrière ce masque jovial, sympathique? Le plus
souvent une souffrance, une tristesse qu'elle cherche à dissimuler à
tout prix. Alors elle fait la fête, se laisse volontiers aller à boire
un verre de trop, se lance dans de multiples activités. La solitude lui
est difficilement supportable. Notre société offre à l'Aigremoine toutes
les échappatoires pour éviter d'être confrontée à
elle-même.
La personne Aigremoine, sans le vouloir, triche. Elle veut faire croire
que tout va toujours bien pour elle. Elle dissimule derrière un masque
jovial sa fragilité, son hypersensibilité. Car au fond d'elle, elle sait
que tout ne va pas si bien, mais ce serait trop difficile pour elle de
se l'avouer. Elle préfère se perdre dans l'apparente superficialité qui
est la sienne. Et pourtant! La personne de type Aigremoine gagnerait
tant à se dévoiler, à tomber le masque! Elle deviendrait elle-même, tout
simplement.
Notre société cultive l'état Aigremoine de manière systématique. Il
faut être riche, aller bien, rire de tout... Dissimuler notre vrai
visage est devenu presque une nécessité pour affronter la vie
professionnelle ou autre. Le tout est de sauver les apparences...
J'étais moi-même une belle Aigremoine.Je peux témoigner de la
souffrance que j'ai vécue à vouloir toujours faire croire aux autres
que tout allait pour le mieux. J'aimais plaisanter à tout propos, je
craignais beaucoup les atmosphères de conflit, et je n'arrivais pas à
ôter mes "lunettes roses" qui
faussaient ma perception de la réalité. J'ai découvert l'élixir
d'Aigremoine, et peu à peu, le masque est tombé. J'ai compris que ce
rôle que je cherchais à jouer était parfaitement inutile. J'ai commencé à
affronter mes peurs au lieu de fuir sans cesse. J'ai appris à me
montrer tel que je suis, avec mes forces et mes faiblesses.
Nous croyons que les autres nous préfèrent toujours heureux
et insouciants, mais en réalité, c'est une grande richesse que de ne pas
leur cacher ce qui nous blesse, ce qui nous affecte. Ils nous aimeront
d'autant plus si nous savons être vrais. Quand on parle de ses doutes,
de ses peurs avec quelqu'un, cela l'invite à faire de même, la
conversation prend de la profondeur et la compassion va pouvoir
oeuvrer dans la relation.
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